La révitalisation biologique d’arbres fruitierts

Responsable projet Hans Brunner | durée du projet: 2018 – 2021

Les arbres à haute tige de plein vent souffrent d’une perte de vitalité dramatique. Malgré l’amélioration des mesures de soin, des arbres de plus en plus nombreux risquent de dépérir prématurément, voire de ne jamais atteindre l’âge de production. Dans un programme de quatre ans, FRUCTUS a donc vérifié les mesures qui permettent de maintenir la vitalité des arbres.

Les vergers de haute tige sont éminemment précieux à la production de fruits, à la biodiversité et au paysage. La plupart de ces vergers présentent par ailleurs une vaste diversité variétale. Mais de nombreux arbres à haute tige de plein vent souffrent d’une perte de vitalité dramatique.

Dans son programme quadriennal BIOREV, FRUCTUS, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine fruitier, a cherché à savoir en partenariat avec l’Institut de recherche en agriculture biologique (FiBL) et la société Tilia Baumpflege/Arbovitis de Frick si l’incorporation dans le sol d’un produit composé de champignons mycorrhiziens et de bactéries permettrait d’améliorer la base nutritionnelle des arbres et, partant, leur santé et leur productivité.

Le programme reposait sur l’observation dans la pratique en Allemagne d’améliorations de la vitalité après l’incorporation dans le sol de champignons mycorrhiziens et de bactéries.  

Le programme « BIOREV » décrit ci-dessous entendait répondre à la question de savoir si un essai organisé selon les critères de la science permettrait de corroborer ces observations positives.

Le verger d’essai et la méthode

Les deux méthodes d’ameublissement du sol avec ou sans apport d’un produit composé de champignons mycorrhiziens et de bactéries dans l’espace racinaire ont été comparées avec des cultures sans traitement dans quatre vergers situés dans les bas du canton de Zurich. L’ameublissement du sol et l’incorporation du produit ont été effectués avec une machine d’aération du sol (photo à droite). Le traitement a été administré à des poiriers à moût sur les quatre sites et à des pommiers sur deux sites. Les autres mesures culturales ont été conduites selon les itinéraires techniques respectifs.

L’efficacité du produit commercial utilisé a été examinée au laboratoire du FiBL sur des plants de maïs et de poireau. Afin d’établir si les champignons mycorrhiziens et les bactéries parviendraient à s’installer sur l’appareil racinaire des arbres de l’essai, des échantillons de racines ont été prélevés à l’automne 2018 sur les arbres traités et sur les arbres non traités, et les taux de colonisation ont été évalués en laboratoire. Des échantillons de sol ont de plus été prélevés à l’automne 2021 et examinés quant aux différences d’activité biologique entre les quatre méthodes.

Les évaluations annuelles en plein champ en août/septembre ont porté sur les critères « santé des arbres », « accroissement », « pourtour du tronc », « vigueur végétative », « Phytoplasmose », « Septoriose du poirier » ainsi que d’autres paramètres. Sur plusieurs poiriers dépérissants ou déjà dépéris se trouvant sur un des quatre sites d’essai, le dégagement des appareils racinaires et l’évaluation des diamètres de tronc et de la croissance végétative des frondaisons ont servi à établir la chronologie des attaques d’armillaires et de phytoplasmes, ainsi que l’interaction des deux pathogènes dans le dépérissement de l’arbre.

Les résultats

Les essais en laboratoire ont révélé que la souche de champignons mycorrhiziens utilisée colonise les racines moins vite que d’autres souches de champignons mycorrhiziens, mais qu’elle n’est pas forcément moins compétitive que d’autres champignons mycorrhiziens.

Aucune différence entre les méthodes n’est en revanche apparue sur les échantillons de racines d’un des quatre vergers. Les racines prélevées sur la parcelle étalon étaient également très bien colonisées par des champignons mycorrhiziens, ce qui indique une forte activité de l’association mycorrhizienne indigène. Il n’a de même pas été possible d’observer des différences entre les méthodes lors de l’analyse de l’activité biologique du sol ni lors des relevés complets des critères de vitalité et de maladie.

L’examen des poiriers dépérissants a montré que les phytoplasmes endommagent en premier la périphérie de la couronne, le plus souvent la cime de l’arbre. Il a aussi montré qu’une infection d’armillaire débute à la périphérie de l’appareil racinaire et fait périr les arbres affaiblis en peu d’années.

Conclusions et préconisations pour la pratique

Les essais n’ont permis de mettre en évidence aucune influence sur la vitalité et la santé d’arbres bien entretenus poussant dans des sols fertiles bien approvisionnés sur les quatre années de l’essai d’incorporation de champignons mycorrhiziens et de bactéries. Pour conserver la vitalité des arbres fruitiers, il importe surtout de mettre en œuvre de manière optimale des mesures indirectes d’amélioration de la fertilité du sol :

• Des apports réguliers de compost mûr de bonne qualité couvrant les besoins nutritionnels de l’arbre. Cela permet aussi de renforcer les antagonistes et de façon générale la résistance de l’arbre aux pathogènes.
• L’application d’une protection phytosanitaire minimale contre les principales maladies et ravageurs afin de conserver la santé de l’arbre.
• L’utilisation de variétés et de porte-greffe tolérants aux maladies.
• Une bonne formation technique initiale et continue associée au recours à l’offre de conseils (fiches d’information, listes de variétés, bulletins de conseils, etc.), ainsi que la mise en œuvre de nouveaux acquis de la recherche.

D’autres recherches seront nécessaires pour répondre aux nombreux enjeux de l’arboriculture en haute tige, notamment aux défis posés par les changements climatiques.

Direction du programme et assistance technique

Le chef de projet Hans Brunner, producteur de fruits sur des arbres à haute tige et membre du comité directeur de FRUCTUS, bénéficie de l’appui de deux spécialistes de FRUCTUS, Klaus Gersbach et Jos Vandebroek, d’Andi Häseli du FiBL, de Sarah Symanczik du FiBL et de Martin Erb de Tilia Baumpflege/ArboVitis. 



Articles dans les médias – en allemand

Le programme BIOREV a bénéficié du soutien de : Fonds Landschaft Schweiz, Bern, Ella & Paul Schnorf Stiftung, Zürich, Sophie und Karl Binding Stiftung, Basel, Stiftung Temperatio, Maur, Paul Schiller Stiftung, Lachen, Bio Suisse, Basel, Schweizer Obstverband, Zug, Vontobel–Stiftung, Zürich, PHC, Plant Health Cure, Holland sowie Ramseier, Suisse AG und Coop, Schweiz dans le cadre de la Hochstammförderung Bio-Suisse / FiBL.